Pour éviter les parkings sauvages, le maire de la Thuile dote sa commune cette année d’une police municipale, représentée par son adjoint et lui-même. Plus largement, le Grand Chambéry s’apprête à dégager des fonds pour permettre des aménagements face à la forte affluence estivale dans les Bauges.

Une barrière a déjà été installée l’an dernier pour contrôler l’accès à la voie unique qui longe le lac de La Thuile, dans les Bauges. Elle va resservir ! © Radio France – Damien Triomphe

Didier vit à La Thuile depuis 30 ans. S’il n’est pas du tout contre la présence des touristes, « qui font bouger La Thuile », il n’est pas pour autant pressé de les revoir les weekends de juillet et d’août. « Il y a trop de monde. Ils ne respectent pas la nature, écrasent les foins, ils se garent n’importe où ». La question du parking est centrale. « J’ai été obligé de mettre des cailloux devant chez moi, autrement ils se garent tous là devant » explique-t-il en montrant sa clotûre, qui donne sur la rue. Et de rire : « Et quand je leur dis de partir, ils m’engueulent ! »

« A partir du dimanche midi, l’été, on ne peut plus gérer » reconnait Dominique Pommat, le maire, également président de l’office de tourisme Grand Chambéry. La Thuile : 300 habitants, 125 places de parking. Les dimanches en été, Dominique Pommat explique compter depuis l’an dernier jusqu’à 500 voitures sur sa commune. Il y a un avant et un après confinement, lui admet avoir été « submergé » l’été dernier. Il s’attend à la même surfréquentation les deux prochains mois. D’autant plus que les réservations d’hébergement dans les Bauges affichent d’ores et déjà des hausses, surtout au mois d’août : plus de 14%.

Déjà, pour gagner une quarantaine de places supplémentaires, une discussion est en cours pour permettre à un pré pris d’assaut l’été dernier de devenir un parking beaucoup plus organisé, gratuit pour le moment, une fois la fauche terminée.

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Les voitures garées n’importe comment seront verbalisées

L’an dernier, une barrière a été installée pour contrôler l’accès à la voie unique qui longe le lac de la Thuile. Un moyen de préserver le site, mais surtout de permettre un passage aux véhicules de secours si besoin. Mais il s’agit d’aller plus loin, et notamment de protéger les prés des agriculteurs ; beaucoup ont été saccagés par des parkings sauvages durant l’été 2020.

« La police municipale, c’est le premier adjoint et moi-même. On est habilité à photographier les plaques et à décerner des contraventions. »

« La priorité, c’est l’agriculture » assume le maire Dominique Pommat. Alors il a créé une police municipale pour pouvoir agir. « On va faire respecter le parking sur les places prévues pour. Il a fallu huit mois pour créer une police municipale : le premier adjoint, et moi-même »

Ils peuvent désormais dresser des contraventions de 5e catégorie, de 17 euros. « C’est le dernier recours, mais il faut aussi faire passer le message qu’on ne peut pas se mettre dans les prés, qu’on ne peut pas bloquer une voie unique de circulation » se justifie-t-il, « avec les Déserts, on utilise la même méthode, et on va patrouiller samedi après-midi et dimanche midi avec des anciens gendarmes assermentés ».

Plus de présence sur le terrain

Pour faire respecter les règles, rien ne vaut la présence humaine. En plus des patrouilles pour faire la police, « l’Office national des Forêts peut également nous aider, puis surtout nous avons embaucher, avec une formation du parc des Bauges, des écovolontaires. Ils vont patrouiller, veiller au respect des stationnements, faire appliquer les règles, sensibiliser les gens. On n’est pas anti-touristes, je suis président de l’office de tourisme du Grand Chambéry, et moi-même hébergeur. Mais on s’est organisé » détaille Dominique Pommat. 

Plus de moyens financiers pour protéger les sites des Bauges

Le conseil communautaire va voter mi-juillet pour se doter d’un fonds de concours de 80 000 euros qui va aider les 15 communes des Bauges identifiées comme ayant des sites sensibles – parmi lesquels le lac de La Thuile, mais encore la cascade du Pissieu, le canyon de Ternèze, le Pont du Diable à Bellecombe – « C’est quand même une nouveauté » explique Dominique Pommat, « ces 80 000 euros vont financer une partie de l’argent engagé pour la préservation ». Parmi les objectifs : installer de nouvelles barrières pour limiter des accès, de la signalétique, et faire de la médiation. Le temps de débloquer les fonds, les équipements ne devraient pas encore changer dès cet été, « même si des devis sont prêts »

Dominique Pommat parle d’une prise de conscience globale. Les communes veulent trouver des solutions, tout comme l’agglo et le parc des Bauges. L’un des challenges est de réunir plus de fonds. « On va aussi mobiliser le programme ‘Espace Valléen’. C’est de l’argent européen, sur les six ans qui viennent. J’ai fait le tour de tous mes collègues, d’Annecy, de Rumilly, d’Aix-les-Bains, d’Albertville, de Coeur de Savoie. On a tous le même problème : protéger nos sites qui donnent un accès à l’eau, en protégeant nos espaces naturels sensibles ».

source : https://www.francebleu.fr/infos/societe/parkings-barriere-verbalisations-dans-les-bauges-la-thuile-se-prepare-a-la-surfrequentation-1624136669

Ecrit par : Damien Triomphe – France Bleu Pays de Savoie

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